segunda-feira, 28 de junho de 2010

Spécial: Appel du 18 juin. Boileau.

Bonjour!

Aujourd'hui:

Art Poétique, de Nicolas Boileau.
– Les commémorations de l'Appel du 18 juin.


La Citation de la semaine: On commence par une citation retrouvée au hasard de mes recherches. Ça pourrait être ma devise, si j'en avais une:

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Nicolas Boileau, Art Poétique

En tout cas, c'est par ce biais qu'il faut prendre l'étude de la langue française, à mon humble avis.

Voici d'autres citations aussi savoureuses, extraites du même livre:

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser

Hâtez-vous lentement[1], et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez

Entre vivre et accepter de vivre, il y a un fossé

[1] Réfléchissez un peu à ce jeu de mots: se hâter x lentement... ;-)

source: wikipédia


~~~~~~~~~~
J'avais prévu de continuer la progression de l'Histoire de France... Mais, étant donné que ce mois on a eu une date historiquement importante, je poursuivrai chronologiquement la prochaine fois.

Ce 18 juin on a commémoré le 70e anniversaire de l'appel aux combattants fait par De Gaulle à la radio BBC, de Londres. "Ce discours – très peu entendu sur le moment mais publié dans la presse française le lendemain et diffusé par des radios étrangères – est considéré comme le texte fondateur de la Résistance française, dont il demeure le symbole."[2]

La plupart des extraits présentés dans ce billet viennent d'un dossier pédagogique d'une excellente qualité et mise en page. C'est assez rare que je trouve des textes d'actualité qui soient intéressants et, à la fois, compréhensibles pour les élèves débutants et élémentaires.
C'est la raison d'avoir choisi de faire un spécial Appel du 18 juin: il s'agit d'un "cours d'histoire française" relié aux commémorations
actuelles de l'évènement et qui, en plus, comporte des extraits assez simples, mais d'une beauté exemplaire — tout à fait conformes à la citation de Boileau ci-dessus. Bonne lecture!

[2] wikipédia

... Et comme toujours en lilas les mots que je vous conseille de bien comprendre...

............ ............ ............ ............

Texte pour DÉBUTANTS_ HISTOIRE_

La défaite vécue par une institutrice retraitée *

L'auteur
Berthe Auroy est née en 1880 à Bourges. À partir de 1900, après avoir obtenu un diplôme d’institutrice, elle
enseigne en province puis en région parisienne. Retraitée en 1940, elle se replie dans la région de Chartres dès le début des hostilités. Elle décède le 20 juillet 1968 à Paris.
/.../
Le document
C’est durant l’exode, le 10 juin 1940, que Berthe Auroy commence la rédaction de son journal. Elle la
poursuit durant toute la durée de la guerre dans des cahiers d’écoliers ou sur des morceaux de papier qu’elle cache par prudence. Elle y ajoute des tracts (*) et des articles de presse.

* Extrait du livre de Berthe Auroy, Jours de guerre, Ma vie sous l’Occupation, Bayard, 2008 (à partir de la brochure pédagogique du Concours National de la Résistance et de la Déportation, p. 11, sur le site France-libre.net).

............ ............ ............ ............

Texte pour ELEMENTAIRES _ HISTOIRE_

Voici le témoignage du fils du célèbre écrivain Georges Bernanos qui, à l'époque, vivait avec sa famille à Belo Horizonte.

Jean-Loup Bernanos, « Témoignage », Espoir, n° 113, décembre 1997

Bernanos apprend l’armistice dans un wagon de chemin de fer qui le conduit avec sa femme et moi à Belo Horizonte. Les voyageurs brésiliens se sont approchés de lui pour le réconforter et Bernanos a dit qu’ils lui avaient apporté la seule chose qui pouvait lui redonner du courage; ils lui avaient dit : «L’Angleterre tiendra» ce qui voulait dire que la France aussi tiendrait.

Nous arrivons à Belo Horizonte. Le soir du 18 juin un peu avant dîner, nous nous installons dans le salon de l’hôtel et ma mère et moi nous écoutons le feuilleton qui passait tous les soirs pendant que mon père lisait les journaux. Les informations arrivent et la voix du speaker brésilien annonce le message d’un général français diffusé le jour même à Londres. C’était l’appel du 18 juin.

Je n’oublierai jamais la réaction de mon père. Cette guerre avait tellement marqué mes parents que c’était le sujet de conversation constant dans la famille. J’étais fort jeune, j’avais 7 ans, mais j’étais très au courant de ce qui se passait et des sentiments de mes parents à ce propos. Lorsque j’ai entendu l’appel, j’ai senti qu’il se passait quelque chose et j’ai regardé mes parents. Ma mère pleurait et mon père était extrêmement ému. C’est la seule fois où je l’ai vu aussi ému et bouleversé. Aussitôt après, il a cherché un moyen de parler à la radio, de faire savoir sa position, d’écrire dans la presse.

source: brochure pédagogique du Concours National de la Résistance et de la Déportation, p. 20, sur le site France-libre.net.

............ ............ ............ ............

Texte pour INTERMÉDIAIRES _ HISTOIRE_

La défaite vécue par une institutrice retraitée *

Le témoignage
«Moulins occupé, mercredi 19 juin.
Un
flot ininterrompu de tanks, de chars, de canons, de camions, de motocyclettes défilent avec un bruit d’enfer et à une vitesse prodigieuse. Un grand nombre de chars sont recouverts d’oriflammes rouges à croix gammée. Les soldats qui les montent se redressent fièrement, bras croisés en farouches vainqueurs. D’autres, magnanimes, jettent en souriant des paquets de chocolat (des chocolats pillés dans nos boutiques) aux gamins stupéfaits. La foule chuchote, mais tout bas, car devant cette force déchaînée qui s’étale dans la rue, on éprouve déjà la contrainte du vaincu. Et, sans interruption, ce torrent de fer s’écoule. Combien d’heures encore durera ce défilé triomphal? Je viens de prendre conscience de la défaite de notre pauvre pays. Je me sens comme écrasée par tous ces chars de combat.»

* Extrait du livre de Berthe Auroy, Jours de guerre, Ma vie sous l’Occupation, Bayard, 2008 (à partir de la brochure pédagogique du Concours National de la Résistance et de la Déportation, p. 11, sur le site France-libre.net).

............ ............ ............ ............

Texte pour AVANCÉS_ HISTOIRE_

Un personnage à connaître: Jean Moulin

L’auteur
Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers dans une famille de culture républicaine. Après des études de droit, il entre dans le corps préfectoral: souspréfet puis préfet, il sera membre de plusieurs cabinets ministériels. En 1940, il est préfet du département de l’Eure-et-Loir et à ce titre responsable des services de l’État.
Le document
Laure Moulin, sa sœur, publie en 1947 aux Éditions de Minuit, le journal de Jean Moulin, lequel aurait été rédigé au printemps 1941. Cette édition est préfacée par le général de Gaulle, à la mémoire de celui qui a su, « dès 1940, dire non à l’ennemi ».

''15 heures 30
Paris est pris ! La nouvelle nous est apportée par les réfugiés. Pour notre secteur, je n’ai aucune précision sur l’avance allemande depuis la communication du Colonel commandant la subdivision. Le téléphone est coupé depuis plusieurs jours avec Dreux et le service d’estafettes de gendarmerie que j’avais organisé pour y suppléer a été interrompu hier soir sur ordre du commandant, en raison de la violence des bombardements.
[…] Dans la voiture qui nous emmène tristement, personne ne dit mot, mais chacun de nous a les mêmes pensées. Ainsi, c’est fini ! Les Boches vont entrer dans le département sans que leur soit opposée d’autre défense que celle de quelques éléments en contact qui se replient.

[…] Le cortège se prolonge indéfiniment: amis ou ennemis?
[…] Je crie à ces soldats dont je ne distingue dans l’obscurité que la silhouette imprécise : «Français ou allemands?» «Français!» me répondent plusieurs voix. «Que faites-vous?» Ajoutai-je. «On fout le camp…» Je reste là dans le noir, tant que dure le défilé. C’est ensuite le passage pénible, poignant de l’infanterie. Ils avancent par groupes, par files, exténués, sans un mot. […] «Ah! Si on avait fait une contre-offensive sérieuse, tous les gars auraient fait leur devoir, jusqu’au bout… Mais, maintenant, il est bien tard et je crois bien que tout est foutu… On est crevé! » J’essaie de leur remonter le moral, de leur dire qu’ils se referont derrière la Loire et qu’on tiendra… «Puissiez-vous dire vrai», me répondent-ils. Ce sont les derniers soldats français libres que je devais voir avant de longs mois.

* Extrait du livre de Jean Moulin, Premier combat, Les Éditions de Minuit, 1999 (à partir de la brochure pédagogique du Concours National de la Résistance et de la Déportation, p. 9 et 10, sur le site France-libre.net).

............ ............ ............ ............

Vidéos pour INTERMEDIAIRES/AVANCÉS_ HISTOIRE_

Je vous conseille ces courtes vidéos (moins de 3 minutes chacune), dont certaines sont faciles même pour les élèves intermédiaires.

Les Compagnons de l’aube – 18 destins du 18 juin

"Juin 1940, un vieux maréchal annonce à la France, le cœur serré, qu’elle doit cesser le combat. Le pays capitule et s’enfonce dans la nuit de l’occupation. Mais quelques milliers d’hommes et de femmes, combattants de l’espérance, partisans de la France Libre, refusent de rendre les armes.

Cette œuvre documentaire de dix-huit courts portraits de Français Libres évoque dix-huit de ces destins. Un parcours dans un album d’images – des photographies et documents souvent inédits et liés aux personnages – évoque les faits d’armes et les actes héroïques, mais aussi l’existence intime et la vie exemplaire de ces hommes et ces femmes qui s’engagèrent alors pour sauver leur pays."

Pour visionner les vidéos: Appeldu18juin.

Salut! Et bonne semaine à tous et à toutes!

Katia